
Khorgan - La chronique du tome 1
-Qui es-tu ?
-Tu ne me reconnais pas ?
-Je devrais ?
-Mon nom est Khorgan Moorlanh. J'appartiens à ta tribu. J'ai grandi dans ces collines."
De retour en territoire Bolsaan, Khorgan espère retrouver une place parmi les siens. Il a gâché son enfance et perdu sa liberté parce qu'il s'était fait prendre la main dans le sac en tentant de voler dans une caravane de marchands. S'il veut rester, il devra le mériter, en commençant par affronter à l'aube celui qui se dressera contre lui. Dans la nuit, Dioselia, qu'il a connu enfant, le met en garde contre son futur adversaire, avant de lui offrir un baiser furtif. Khorgan a déjà tant souffert, ses cicatrices le prouvent, qu'il ne se dérobera pas. Sera-t-il réintégré à son peuple ou bien sera-t-il condamné à la mort ou à l'exil ? Dans un monde ravagé par une armée de monstres ardents jadis surgis des profondeurs, un héros se construit par son destin.
Ce qui est caractéristique dans les scénarios de Corbeyran, et en particulier dans des histoires comme celle-ci, c'est qu'on ressent, en tant que lecteur, la passion de l'écrivain positionné en tant que créateur tutélaire. Corbeyran construit un monde avec minutie, comme un maître de jeu, comme un gosse qui oublie le monde qui l'entoure et qui imagine une vie pour ses Playmobil ou ses Lego. Ça peut paraître mièvre comme réflexion, mais il n'y a pas plus fort pour montrer la puissance de la stratégie, stratégie qu'il n'y a d'ailleurs pas. Bref, Corbeyran créé un univers, construit des personnages, dont un héros pour lequel il donne une consistance au fil de l'avancée du récit. L'auteur se montre ici tout autant romancier, avec de nombreux récitatifs, que scénariste, avec un Khorgan omniscient, car c'est bel et bien lui le narrateur, bel et bien lui qui raconte, qui témoigne et qui distille les informations sur son passé.
Le traitement graphique des personnages par Dejan Nenadov est aussi classique qu'efficace. C'est dans les décors que le dessinateur se dépasse, que ce soit dans les destructions des cités par les créatures surgies du magma en fusion, que dans ce qui se nomme la forêt de pierres mortes sous un ciel lunaire porté par les couleurs de nuit lumineuse d'Erwan Seure-Le Bihan. Le défi n'était pas évident à réaliser pour Nenadov, car Khorgan n'est pas à proprement parler une aventure d'Heroïc-Fantasy, mais n'est pas non plus un récit prenant place dans une époque historique définie. Khorgan est une dystopie antique, et ça, ce n'est pas si courant, c'est Corbeyran.
La saga est annoncée comme un diptyque. Khorgan est le digne héritier des héros d'antan, ceux qui n'avaient peur de rien et affrontaient le monde à mains nues. C'est ainsi que le défini Corbeyran, qui avec ce héros invite le Robert Howard de Conan le cimmérien chez Howard Lovecraft. Tiens, c'est drôle : le nom de l'un est le prénom de l'autre. N'y avait-il pas quelque chose de prédestiné pour que Khorgan voit le jour ?
0 Commentaire
Soyez le premier à poster un commentaire.